Firmin, le rat d'auteur, ou l'autobiographie d'un grignoteur de livres, par Sam Savage
Qui n'a jamais eu l'idée de raconter l'histoire, au sens littéral du terme, d'un rat de bibliothèque ? Sam Savage l'a fait !
Firmin penche plus, peut-être, du côté de Borges, car les aventures et les lectures du petit rat qui se découvre de livre grignoté en livre grignoté, enchâssées en un maillage complexe, s'ouvrent presque sans fin. Hommage allégorique à la lecture, aux lectures, aux livres, comme le refuge des égarés et des bannis. Firmin se délecte des livres, dans lesquels il se noie au point parfois de confondre le réel et l'imaginaire, et comble aussi une petite pulsion lubrique, car tout est mêlé. Pour les happy fews !
Loïc Di Stefano
Sam Savage, Firmin, Actes Sud, mai 2009, 200 pages, 18 euros
Sur
le monde du récit social triste et dans la foulée d'un Charles Dickens,
par exemple, Firmin nous conte les aventures du petit rat, dernier
d'une portée de treize élevée à la dure — c'est-à-dire pas élevée — par
une matrone rate alcoolique et plus occupée à déplacer son énorme
personne qu'à veiller à sa portée. Si bien que règne la loi du plus fort
et que Firmin, le plus chétif des rats qu'on n'ai jamais vu, est réduit
à la portion congrue des reliefs de repas... ce qui est assez peu !
Dans son malheur, sa mère à l'idée — ou plutôt il se trouve que cet
endroit abandonné est situé non loin des débits de boisson qu'elle
fréquente assidument... — de s'installer dans une vieille boutique
délabrée, celle d'un bouquiniste. À force de grignoter du papier, il
commence à se dire que cela pourrait, en plus du goût, avoir du sens.
Et
toute la portée philosophique de petit conte morale part de là. Ce
n'est pas très original, ni très nouveau, mais c'est admirable de
contextualisation et l'idée de prendre le sujet au pied de la lettre est
simplement une excellente idée. Reste que, malheureusement, le style ne
suit pas. L'autobiographie d'un rat de bibliothèque aurait sans doute
mérité un style moins intellectualisé,
moins volontairement lent, car le sérieux ne sied pas au conte. Ou
alors il faut s'appeler Charles Nodier, et si, pour son premier roman,
Sam Savage n'en est pas loin, ce n'est pas encore tout à fait cela...
Firmin penche plus, peut-être, du côté de Borges, car les aventures et les lectures du petit rat qui se découvre de livre grignoté en livre grignoté, enchâssées en un maillage complexe, s'ouvrent presque sans fin. Hommage allégorique à la lecture, aux lectures, aux livres, comme le refuge des égarés et des bannis. Firmin se délecte des livres, dans lesquels il se noie au point parfois de confondre le réel et l'imaginaire, et comble aussi une petite pulsion lubrique, car tout est mêlé. Pour les happy fews !
Loïc Di Stefano
Sam Savage, Firmin, Actes Sud, mai 2009, 200 pages, 18 euros
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