" A l'encre de Chine livre II" - Yuna au coeur de la révolution culturelle
En septembre dernier, nous vous avions présenté le premier livre de Christian Lejalé, A l’encre de Chine, un premier tome qui nous avait transportés dans la Chine de la fin du XIXe alors que le céleste Empire déclinait sous le règne tyrannique de l’impératrice T’seu-Hi. Le livre 2 n’a rien à envier au premier : Yuna, fille du grand maître, poursuit son récit et nous fait revivre la révolution chinoise, la grande marche et l’ascension et le règne désastreux de Mao Tse-Toung. Le retour de celle qui danse avec le vent
Nous avions laissé Yuna aux Neuf Portes. Son père avait découvert sa véritable identité au cours d’une ultime confrontation avec l’impératrice T’seu-Hi et cette dernière avait ordonné qu’elle garde son déguisement de garçon, la condamnant à une vie de tromperie avant d’ordonner l’empoisonnement du grand Maître. Désarçonnée, Yuna n’a d’autres choix que de se plier aux exigences de l’impératrice et vivre secrètement son amour avec Zhao. Mais l’Histoire va venir bouleverser une nouvelle fois son existence. 1912, le Céleste Empire est mort, le dernier empereur, Puyi, est obligé d’abdiquer. La République de Chine est proclamée. Une fois de plus Yuna va se retrouver plonger au cœur de l’histoire de son pays. Elle va connaître l’exil en Inde, la violence, la peur mais surtout le dépassement lors de la longue marche ou marche de dix mille, périple de plus d’un an mené par l’Armée rouge chinoise et d’une partie de l’appareil du parti communiste chinois pour échapper à l’armée nationale révolutionnaire du Kuomintang de Tchang Kai-Chek durant la guerre civile chinoise. Cette marche coûta la vie à 100 000 hommes rien que dans les rangs de l’Armée rouge. Yuna et Zhao vont poursuivre leur rêve, celui de fonder une nation. Pour y parvenir, ils vont cheminer avec Mao puis s’opposer à lui dans un combat mortel. Alors qu’elle s’apprête à l’assaut final, Yuna achève son récit en espérant un avenir meilleur pour ce pays auquel elle a dédié sa vie.
La lecture de ce second opus est une véritable immersion dans l’histoire de Chine. Un récit passionnant où l’Histoire n’est pas au service d’une histoire d’amour mais bien l’inverse car l’amour qui unit Zhao et Yuna est indissociable de celui qui les unit à leur pays. Face à eux se dresse l’un des plus grands dictateurs du XXe, Mao. Nous en apprenons plus ici qu’à la lecture des livres d’histoire : originaire du Hunnan, l’une des provinces les plus pauvres de Chine, encombré par un corps trop grand, Mao obtient d’abord son diplôme de professeur pour terminer comme assistant dans un bibliothèque. Conquis par l’idéologie communiste, il va tout faire pour exercer une autorité sans partage sur l’Armée rouge et le parti et éliminer un à un tous ceux dont l’autorité pourrait lui faire de l’ombre. Parvenu à ses fins, inconscient des conséquences de sa politique agricole, il plonge le peuple chinois dans la famine. Sans compter la Révolution culturelle durant laquelle les Gardes rouges massacrent scandant leur slogan : « A bas les bons sentiments ! Nous les exterminerons tous ! ».
Plongé dans une atmosphère violente et pourtant si envoûtante, c’est à regret que l’on tourne les dernières pages de ce roman que nous avons lu si vite tant il était difficile à fermer. Un grand merci à Christian Lejalé pour cette lecture qui m’a enthousiasmé.
Julie Lecanu
Christian Lejalé, A l'encre de Chine livre II, Imagine and Co,
Janvier 2012, 248 pages, 16,70 euros
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