Hommes de l'art, écrasez-vous nom de Dieu, c'est la rentrée littéraire !

Pour la première fois depuis plus de 20 ans, paraît-il, le nombre de romans publiés – de mi-août à octobre seulement – en vue de la prochaine rentrée littéraire passe cette année sous la barre des 500 ; dont 90 premiers romans, sans qu’aucun de leurs auteurs ne soit cité nulle part, contrairement à d’autres, claironnés tout haut un peu partout parce que, ceux-là, comme déjà déclarés bientôt présents sur la ligne d’arrivée – à savoir cette année : Amélie Nothomb, Virginie Despentes ou encore Laurent Gaudé, entre autres – ; se passant d’ailleurs parfois le relais d’une année et/ou d’un prix à l’autre selon d'impitoyables, et autant que possible tenues secrètes, lois du marché
Mais, vu l'enjeu financier – super gros fric à la clé messieurs-dames, le plus gros de l’année ! – on imagine sans peine, comme pratiqué en politique politicarde, qu'il ne puisse en être autrement : tractations en coulisse, monnayage de voix, de pouvoirs, ralliements calculés au profit – c’est bien le cas de dire ! – d’une maison adverse, directement concurrente. Croche-pieds d’un côté et baisemains de l’autre, infiltrations, éminents personnages tentaculairement influents, chantage à bas bruit et négociations de postes, tirs à bout portant…
Vraiment pas le moment de rigoler ou de bayer aux corneilles ! Les libraires eux-mêmes sont en alerte maximale, fébriles sur leur pas de porte, ou faisant les cent pas dans leur tête, soucieux, énervés, prêts à s’inscrire à la Lucky Luke dès les premières annonces de nominations pour bénéficier au plus tôt du passage en boutique des divers principaux acteurs de cette rituelle course au pactole des maisons d’édition avec qui, toute l'année, ils se tiennent mutuellement... par le bout de la barbichette.
Aussi, au lieu de quoi ce qui pourrait et devrait être une fête n'est qu'une foire d'empoigne.
Tout ce ramdam me fait avant tout irrésistiblement penser – pas vous ? – à celui d’une vaste attraction commerciale qui chaque année se répète, tambour battant, commerciaux experts aux manettes.
Hommes de l’art, écrasez-vous nom de Dieu, c’est la rentrée littéraire !

André Lombard

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