"Le mage prodigue" de Karen Miller nous entraîne dans le royaume de Lur pour un nouveau dytique.

Le sorcier Morg – qui ne cherche qu’à détruire le monde – vaincu par Asher, feu le roi Gar et leurs amis, le royaume de Lur vit dix-ans de paix et de sérénité. Mais voilà que le climat recommence à se détraquer, que la terre crie sa douleur dans l’esprit des mages de Lur et que beaucoup parlent de lancer une seconde expédition au-delà des montagnes, en dehors de Lur, dans les terres de leur ennemi ancestral. Et cela malgré le fait que tout ceux ayant participé à la première aient péri dans d’atroces souffrances après avoir affirmé que rien n’existait au-delà de l’ancien Mur de Barl…

Asher, le Mage Innocent qui mené la guerre contre Morg, s’oppose à ce départ. Mais dans sa propre famille les contestations se font entendre. Lui, le petit pécheur devenu l’un des plus grands sorciers de son époque, va affronter et les siens et le démon pour sauver ce qui peut encore l’être. Mais quel secret a-t-il caché à son fils ? Quel sera le prix à payer pour sauver les Doranéens, ces mages exilés depuis six cents ans de leur terre par delà les montagnes, contre leur volonté ?


Karen Miller reprends dans ce dytique Les Enfants du pêcheur l’univers déployé dans La Prophétie du Royaume de Lur. Le système classique – qui fonctionne toujours – visant à faire vieillir ses héros et leur donner des enfants est ici reproduit. Ainsi se posent plusieurs défis pour Asher et son épouse Dathné : comment sauver Lur, leurs enfants et les secrets qu’ils accumulent petit à petit depuis des années ?

Si le début de l’histoire peine à démarrer et à motiver le lecteur, la seconde partie nous fait rapidement pardonner ces lenteurs devant le caractère réellement cornélien des choix qui se posent ! La fin du tome est d’ailleurs parfaitement menée, donnant même au plus réticent – dont votre humble serviteur – envie de poursuivre l’aventure avec La Fille du Mage.


Seul inconvénient dans ce récit, et de taille malheureusement : l’écriture de Karen Miller, tout du moins dans sa traduction française. Celle-ci déploie en général un style riche et agréable. Dans cette série, son texte s’adapte toujours à la manière de parler et de penser du héros qu’elle accompagne dans le chapitre. Or, si un jeune pêcheur d’une vingtaine d’année parle avec d’une manière peu soutenu en oubliant une partie des négations ("je suis pas d’accord" en lieu et place de "je ne suis pas d’accord"), cette faute de français – que nous pardonnions donc dans le premier dytique – devient très vite agaçante dans ce tome : Asher est quasiment le chef de l’état, il a une quarantaine d’année, il est père de deux enfants, il vit dans la capitale de son royaume. Certes, tout se joue dans les six premières années d’une vie disent les psys, mais des chapitres entiers sans le "ne" des négations agressent quelques peu le regard : cela reste une faute de français qu’il aurait mieux valu, à notre humble à avis, retirer !

Comme peuvent dire les héros de cette aventure lorsqu’ils veulent jurer : Naufrage ! Car le reste est bon. Certains le trouveront même très bon…


Pierre Chaffard-Luçon


Karen Miller, Les Enfants du pêcheur : Le Mage prodigue, Fleuve Noir, février 2012, 496 p., 23,50 €

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