Sam Syke joue avec ses personnages : dur, cynique, presque sadique. La Couronne du Chaos a de quoi plaire !

Abandonné sur une île déserte. Voilà un leitmotiv de la vie des héros affrontant les océans. Robinson Crusoé, Jack Sparrow, etc. Car quoi de mieux, de plus diaboliquement perfide, qu’une île paradisiaque pour prison ?

Tel est le sort de Lenk et de ses camarades. Ceux-ci après avoir récupéré au prix de mille sacrifices le Codex de l’Outremonde – un livre qui, s’il était mis à la disposition de n’importe qui, causerai rien de moins qu’un cataclysme digne de la fin du monde – ne trouvent rien de mieux que de s’échouer sur un île déserte.

Qui plus est, ce naufrage a lieu après que leur homme-dragon ai bêtement « ennuyé » un serpent de mer en lui crevant les yeux. L’équipe déjà fort peu soudée voit ses liens se défaire et chacun décide de faire cavalier seul… Enfin, chacun… Les survivants…

Sam Sykes s’offre ici un bon départ, plein de promesses : comment quitter l’île déserte ? Comment retrouver les autres survivants du naufrage ? Comment accomplir la mission et recevoir les mille pièces d’or sonnantes et trébuchantes que tous les aventuriers espèrent ? Mais l’auteur décide de jouer encore plus avec ses personnages : l’île n’est finalement pas déserte !

Elle est peuplée d’une race un peu bizarre de lézard portant des pagnes, de créatures venues de l’autre monde, de variante de grenouille fanatique d’une déesse marine plutôt irascible, de guerrières à la peau violette et de « presqu’eunuques » magiciens… Un soupçon de folie pour couronner le tout et vous aurez exactement ce qu’il vous faut pour obtenir un livre cynique, sadique et plaisant !

Rien n’est ainsi épargné à Lenk le guerrier, Katariath la shicte (une variante d’elfe peu agréable), Gariath l’homme-dragon, Deanos le lâche, Asper la prêtresse et Dreadaelon le magicien juvénile. L’équipe doit avancer, s’affermir et poser des choix moraux important.

 

Car les personnages évoluent énormément dans cet opus. Peut être est-ce là le principal intérêt de l’écriture de l'auteur qui, au-delà de son humour qui ne plaira pas forcément à tous, permet de suivre aisément l’évolution de la panoplie de personnage qu’il déploie. Et ce, sans que tout cela ne soit trop capilotracté !

Cependant, comme à son habitude, tout cela reste parfois « dur » à suivre. L’introduction du premier livre de la série était un vrai parcours du combattant, à la limite de l'absurde. Certes, le lecteur doit donner de sa personne pour entrer dans une histoire, mais il ne doit pas affronter un mur insurmontable. Si son ouverture est bien meilleure dans cet opus, nous résumant parfaitement la situation (après un an entre les deux tomes, cela reste toujours agréable), il n’en reste pas moins qu’il est parfois peu aisé de suivre ses idées : trop de personnages, de lieux et en général de noms ? Non, cela est un atout, nous créant un univers agréable à imaginer… Mais sûrement ses débuts de chapitre quelque peu déroutant déboussolent – et pas toujours en bien – le lecteur…

 

La Couronne du Chaos offre à la série La Porte des Eons un très bon tome corrigeant les quelques « erreurs » du précédent tout en laissant une place pour une amélioration sur le troisième : si l’auteur conserve cette évolution, il y a fort à parier que le dernier livre va marquer la Fantasy ! En tout cas, nous l’espérons, la bande de héros étant, malgré tous leurs défauts, attachante…

 

Pierre Chaffard-Luçon

 

Sam Sykes, La Couronne du Chaos, La Porte des Eons 2, Fleuve Noir, juin 2012, 624 p., 24 €

Aucun commentaire pour ce contenu.