Après Espion de Dieu, Juan Gomez-Jurado reprend le couple formé par Andrea Otero, journaliste incontrôlable, et Anthony Fowler, affidé du Vatican et ancien parachutiste. Leur mission : rien moins que l'Arche d'Alliance !

Loin d'Indiana Jones

La première référence qui vient en lisant Le Contrat avec DIeu, et qui fort heureusement s'efface au fil des pages, c'est Indiana Jones, l'archéologue aventurier qui cherche l'Arche d'Alliance, « preuve » matérielle d'un contrat entre Dieu et les hommes. Juan Gomez-Jurado nous embarque dans une aventure un peu similaire : l'expédition Moïse, financée par un milliardaire étrange, le reclus Raymond Kayn, constituée d'un groupe d'archéologues et assistée d'une petite armée de barbouzes dont le chef cite Schopenhauer à tout propos, part dans le désert jordanien chercher le seul « document » qui pourrait sans conteste prouver l'existence de Dieu : l'Arche d'Alliance. Personne ne sait exactement, au moment de s'engager, le but réel de l'aventure, mais la promesse d'un événement majeur pour l'humanité, et un fort salaire, suffit. Andrea Otero est engagée pour rendre compte de l'expédition, et Anthony Fowler représente le Vatican, les deux protagonistes attachant d'Espion de Dieu sont donc de retour, en mauvaise compagnie et au final en mauvaise posture. A la tête du groupe, un vieil archéologue acariâtre et tyrannique, mais sans doute le meilleur spécialiste des realias de la Bible : traduire les paraboles et les symboles pour découvrir où l'Arche a été cachée par les survivants du Temple, voilà la grande affaire de sa vie, tout le reste n'étant rien. 

L'expédition est un succès : les millions de dollars investis en matériels et ressources humaines, ainsi que la finesse des analyses, permettent de localiser le lieu où pourrait se situer l'Arche. Mais ce serait compter sans les ennemis de la Vérité. Qui en veut à l'expédition ? tous ceux qui n'ont pas intérêt à ce que la foi Chrétienne apparaisse comme la véritable. 

L'histoire est entrecoupée de deux intermèdes. Le premier, une série de scènes de la Deuxième Guerre Mondiale, où une famille juive qui protège une bougie comme le trésor de tout un peuple, un docteur nazi qui fait des expérience sur des enfants, puis Anthony Fowler bien plus tard qui traque les anciens nazis. Le lien de tout cela ? Le milliardaire et son secret. Le second intermède, un groupe terroriste qui semble s'approcher de l'expédition, pour que le secret ne soit pas dévoilé, et avec des soutiens dont la découverte, finale, sera une des surprises de ce roman.

Jouant avec beaucoup de talent sur la veine qui lui a déjà valu un grand succès, Juan Gomez-Jurado propose une aventure culturelle et sombre aux abords d'un des plus grands mystères de notre culturel judéo-chrétienne : les fondements du monothéisme. Un peu long à prendre son lecteur, mais rassurez-vous, ce sera fait, et un peu gâché par des illustrations pour le moins incongrues, ce Contrat avec Dieu est la confirmation d'un grand talent et d'un auteur exigeant, qui nous régale sans manquer de nous interroger.


Loïc Di Stefano

Juan Gomez-Jurado, Le Contrat avec Dieu, Plon, octobre 2009, 396 pages, 22 euros