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Charles Fréger : l'autre de l'autre ou de soi-même

Amasseur de portraits, Charles Fréger souligne les gouffres sous le voile et fait poindre des abîmes derrière les féeries glacées d'abord des uniformes (apprentis sumos, sages-femmes, légionnaires, miss, marins, ouvriers de chantier naval, majorettes, joueurs de water-polos, scouts, etc.) puis des traditions.

Après ses «Bretonnes» et les monstres divins de «Yokainoshima», « Cimarron » crée l'inventaire des mascarades du Sud des États-Unis et au Brésil. Chaque modèle ou exemple est néanmoins placé devant un fond neutre loin de toute mise en situation «d’actant». Il demeure face à l’objectif dans une approche suggestive où sous l'analyse documentaire apparaît un profil plus psychologique.
Preuve qu’un « vrai » photographe refuse toujours ce qui pourrait présider à la perte de l’imaginaire. Fréger le travaille pour donner à voir une présence en passant de l’endroit où tout se laisse voir vers un espace où tout se perd.

Il approche une renaissance incisée de nouveaux contours. Sous la cristallisation surgit une scintillation. Il faut donc savoir "lire" de telles œuvres comme un appel intense à une traversée afin de dégager non seulement un profil particulier à l’uniforme mais à celui qui se cache ou plastronne derrière.

Jean-Paul Gavard-Perret

Exposition Cimarron, de Charles Fréger du 2 février au 14 avril 2019 au Château des ducs de Bretagne

 

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