Chaos-cidence de Thibault Marthouret

Les mots s’accumulent dans la dérive labyrinthique de "smog rosé". Mais sans jamais étouffer le lecteur.  Dans un été de tous les dangers des phénomènes naturels ou non cassent l'ordre établi et par un effet papillon essaiment sur toute la planète. Et ce en un écho à notre temps de pandémie dont le livre peut constituer - du moins pour une part - la métaphore.

Mais le propos est encore plus large dans une planète où aux fondations fait place la fonte et pas seulement des neiges. Le tout dans une dystopie dont l'auteur nous force à devenir partie prenante en un "nous" narratif. L'écriture et le phrasé sont à la fois riches et simples, baroques et dynamiques dans la scansion de certaines ruines.

La vision représente une conjonction de fléchages et de reprises. Tout ressemble à la conduite d’un chantier en dépérissement programmé selon une suite séquences ou de rendez plus ou moins différés. Thibault Marthouret  offre à la fois une présence et une distance dans des révélations diffractées.

Une succession d’abîmes ne  demeurent plus seulement sous forme d’hypothèses vagues. Un mouvement angoissant vrombit par le raffinement de l’écriture plus froide qu'exubérante. Les situations suffisent aux dérèglements programmatiques sans que celle-là s'en même. D'une certaine façon elle les retient. Faire barrage dit implicitement l'auteur.


Jean-Paul Gavard-Perret


Thibault Marthouret, Smog rosé, Atelier de l'Agneau, mai 2021, 130 p.-, 18 euros

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