Pierre Bergé, L’Art de la préface

On peut parfois s’étonner en lisant un écrivain sur un autre écrivain que cela corresponde si peu à l’idée que l’on s’en faisait. Or, n’est-ce pas le cœur même de la littérature de décrire d’une façon autre que nous ne le ferions.


Il en est ainsi des préfaces d’œuvres connues. Nous aimons à lire ce que nos auteurs préférés peuvent en dire ; nous aimons à être surpris et découvrir sous un jour nouveau les arcanes d’un classique. L’Art de la préface de Pierre Bergé réunit dix-huit préfaces par des écrivains tels Camus, Proust, Fargue, Giono, Malraux sur les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale pour la plus grande joie du lecteur.


"Du plus loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours aimé les préfaces. La première que j’ai lue est celle de Mérimée pour Mademoiselle de Maupin. Elle n’est pas dans ce livre parce qu’elle serait trop longue, mais je ne l’ai pas oubliée. C’était la première fois que j’étais confronté à cette idée de l’art pour l’art qui devait depuis me poursuivre. Je peux dire la même chose et pour les mêmes raisons de la préface de Marcel Proust à La Bible d’Amiens de Ruskin. Si j’ai choisi d’intituler cette anthologie L’art de la préface, c’est bien pour montrer qu’une préface n’est pas un texte ordinaire : hommage d’admiration à l’auteur, explication de texte, recherche attentive du détail. C’est tout cela à la fois et beaucoup plus encore. L’expression “c’est tout un art !” trouve ici sa place" écrit-il dans un avant-propos qui loin d’être une préface sert de courte introduction à cette anthologie du genre latéral de la critique pour reprendre l’expression de José Luis Borges.


Critique ou déclaration ou aussi occasion de parler de soi. Le lecteur se souviendra le temps où il sautait les préfaces, celui où il ne lisait que celles-ci, ou bien les lisait après la lecture de l’ouvrage entre ses mains.


Murielle Lucie Clément


Pierre Bergé, L’Art de la préface, Editions Gallimard, coll. NRF, 2008, 285 pages, 22 €

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