"Ces choses que nous n'avons pas vues venir", la fin du monde comme si vous n'y étiez pas!

Steven Amsterdam ? Inconnu au bataillon jusqu’ici. Ces choses que nous n’avons pas vues venir arrive dans nos contrées bardé de prix littéraires, apprend-on à la lecture de la quatrième de couverture ; le résumé évoque du Théodore Sturgeon, du Robert Charles Wilson aussi, dont il faudra bien un jour dire ici tout le bien que l’on pense de son Julian, roman post apocalyptique s’il en est. Alors le critique enthousiaste commence sa lecture, plein de curiosité… et voici le fruit de ses cogitations.

 

Apocalypse ?

 

De manière surprenante, ce roman débute par le bug informatique de l’an 2000 (qui n’a pas eu lieu, rappelons-le), annonciateur d’une série de crises futures qui secouent l’Amérique et le monde. Epidémies, changement climatique, anarchie : tout y passe. Nous découvrons le personnage principal enfant, lors du réveillon 2000 et le quittons alors qu’il a dépassé la quarantaine. Il n’a pas de nom, il n’en aura jamais. Ce mister nobody est censé nous chroniquer la fin d’un monde, nous émouvoir sur les malheurs de ces temps troublés, nous angoisser finalement (mon dieu, pense le lecteur pris de panique dévorante, mais si cela nous arrivait ?)… mais nous restons indifférents devant cet apocalypse de papier. Pourquoi ?

 

Un cahier des charges… surchargé

 

Ces choses que nous n’avons pas vues venir est avant tout un catalogue exhaustif des apocalypses possibles : épidémies, changement climatique, krach informatique… tout arrive. L’effet d’accumulation a pour conséquence d’assommer le lecteur pourtant indulgent - puisqu’il a consommé dans sa jeunesse pas mal de livres sur ce sujet. Il reste que Steven Amsterdam aurait pu explorer d’autres dimensions : une peinture nostalgique d’une Amérique retournant par la force des choses à sa ruralité, un hommage au western, une ambiance à la Mad Max, l’évocation d’une adolescence troublée… il y a un  peu de tout ça dans ce roman mais ces aspects, seulement effleurés, ne sont jamais approfondis. On perçoit ici et là une critique du progrès mais là encore, la réflexion reste convenue et somme toute assez superficielle. D’où au final une déception face au travail d’un auteur qui a tiré dans toutes les directions… sans jamais atteindre sa cible. On le regrette.

 

Sylvain Bonnet

 

Steven Amsterdam, Ces choses que nous n’avons pas vues venir, traduit de l’anglais (US) par Valérie Malfoy, Gallimard, "Folio SF", 224 pages, novembre 2012, 5,95 €

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