Italo Calvino revu et corrigé

Italo Calvino est le poète (en prose) des villes et des héros plus ou moins bancals dont les histoires fantaisistes, drôles, poétiques sont presque écrites pour les enfants. Mais le presque est important. Il revient sans doute aux adultes de savourer des chutes qui se transforment en plongeons de bas en haut en des univers glauques là où, en saison de basse eau, des bancs de boue se multiplient et jouissent d’un temps raisonnable pour reverdir.
Dès lors la vie peut se dérouler en vol plané.

Calvino y apparaît tel qu’il est au plus profond de sa démarche : à savoir plein de farces et de retenues, d’émotion et d’affectivité. L’ensemble transcende le réel. La langue n’est jamais un support. Elle est la matière même de la quête et fait du passé l’espace livresque de la méditation parfois douloureuse mais toujours exaltante au-delà la supposée pliure d’une illusoire réparation.

Le langage épouse dans leur rencontre les remugles, les doutes, les remords. Et l’on peut se demander qui parfois au nom du partage des langues, des terres et des sexes qui restent survivants. Tout ce qui pourrait permettre au discours de se poursuivre Calvino l’abrège. Car lorsque tout est dit parce que rien n’a été dit, le monde s’est enfermé dans le silence compris comme un rêve avant qu’il ne devienne un cauchemar.
La messe (Te Deum) étant dite il faut tenter de reprendre l’office là où tout reste grevé du poids de la culpabilité.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Italo Calvino, Le baron perché, Le vicomte pourfendu, Marcovaldo ou Les saisons en ville, nouvelle traduction de l’Italien par Marin Rueff, Gallimard, 2018, coll. « Du monde entier ».

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