Résilience et altérité : la poésie relevée d’Éric Sarner

Il y aurait peu d’équivalents dans le champ poétique francophone à la poésie d’Éric Sarner, nous dit-on, quoique j’en vois au moins un : celle de Frédéric Jacques Temple, l’éternel voyageur mais Sarner serait plutôt du côté du poète stoïcien, allant jusqu’à s’enfermer dans le silence pour tenter de rejoindre une sorte de nirvana, une manière d’approcher au plus près d’une nature qui se défile dès que le mouvement et le bruit interviennent. Grand écart dans son style d’ailleurs, car la première partie de ce recueil offre à lire une poésie plus narrative, plus précise, qui entre dans le détail d’un combat de boxe, c’est d’ailleurs le passage qui m’a le moins retenu, trop concret, pas assez d’envolée, d’images, de suggestions, de possibles ouvertures dans l’éclair du temps ; alors que les deux autres sont hypnotiques, envoutants…  

Rien sans doute 
ne parlera mieux 
jamais 
que cette robe 
de soie noire 
à coup sûr 
pour dire 
l’état  
d’une femme 
que déborde 
le désir


Sarner ira donc au plus près de l'essence de vie, dans un absolu qui le portera vers une absence de soi, s'excluant du monde du dehors pour l'intimité de sa conscience ; une ascèse philosophique voire mystique.
Soixante pages pour conter cette semaine d'août où il refusa de parler et s'adonner à la confrontation de son Moi, intime, fugace, violent, désarmant... Le poète est un homme en quête, ne l'oublions pas.

On s’étonnera, p254, d’un voire même oublié par l’auteur tant cette formule est impropre, inadéquate voire inappropriée comme l’on dit désormais… mais ne gâchons pas notre plaisir tant la musique de l’écriture est mélodie : 

À cette constante absence de parole 
répond un constant mouvement vers l’intérieur 
: l’intérieur est un espace sans bord.
 

Nul doute que si l’on s’occupait un peu plus de son intérieur et moins des autres, que cela soit dans les relations internationales, la vie sociale, professionnelle ou personnelle, les choses iraient nettement mieux : trop de bruit et de fureur ici-bas, c’est de sérénité, de calme, de silence dont nous avons besoin. L’Homme n’est rien sans spiritualité, et ce ne sont pas les réseaux sociaux qui aideront à l’épanouissement… 

Enfin on rappellera à l’éditeur qui se veut négationniste et suiveur de cette idéologie nauséabonde actuelle qui verse dans l’anticolonialisme absurde, le genre et autres inepties, qu’Éric Sarner n’est pas né en 1943 dans l’Algérie coloniale mais en France, dans un département français, qui plus est. C’est aussi idiot que le Livret de famille d’un ami palestinien, venant de se marier à la mairie du XVIe arrondissement, qui mentionnait qu’il était né en 1936 en… Israël (sic) ; l’Histoire n’a que faire des idéologues ! 

 

François Xavier 

 

Éric Sarner, Sugar suivi de Cœur chronique et de Petit carnet de silence, Poésie/Gallimard n°558, février 2021, 352 p.-, 9,50 €

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