Clémentine Portier-Kaltenbach, "Les secrets de Paris" : un éclairage érudit d’un Paris ignoré

Clémentine Portier-Kaltenbach mène de front, depuis de nombreuses années, un travail de journaliste et d’historienne mettant en lumière des actes peu connus, voire ignorés de la grande Histoire, des sujets qui semblent anecdotiques ou accessoires.

Elle a révélé son talent avec deux ouvrages particulièrement singuliers : Histoire d’os et autres illustres abattis, puis Grands zhéros de l’histoire de France (Tous deux chez JC Lattès) où avec un humour percutant elle rapporte, dans le premier, les tribulations des restes mortuaires des grands hommes, dans le second, elle raconte les plus grands ratés de l’histoire.
Dans Les secrets de Paris, elle a rassemblé cent trente-sept chroniques parues dans le supplément parisien du Nouvel Obs, au cours des dernières années.

Elle révèle les lieux, les monuments, les statues, qui portent un secret visible par tous mais que peu connaissent, les événements marquants qui ont pris naissance dans la Capitale.
Elle décrit avec précision les faits qui firent date comme le premier message passé par le télégraphe Chappe ; les origines et les anecdotes les plus frappantes de l’Académie Française comme les discours de réception du duc de Coislin, un analphabète élu à dix-sept ans ou celui de Victor Hugo, un morceau de bravoure ; l’histoire de l’éléphant de la bastille ; le devenir des pierres de la célèbre prison...
Elle cite les « premières fois », des noms oubliés qui ont pourtant laissé à la postérité leur invention comme Marie-Antoine Carême qui, à la demande de Talleyrand, inventa le boudoir ou Eugène François qui, dans sa petite épicerie de la rue du Renard, mit au point le morceau de sucre rectangulaire...
Clémentine Portier-Kaltenbach évoque ce qu’est devenue la corbeille de la Bourse de Paris après l’informatisation, la première numérotation des rues de la ville, les maisons natales de Molière...
Elle explique aussi comment, l’hymne britannique, God save the King !, est une conséquence directe d’une opération de la fistule anale de Louis XIV.

Elle relate ainsi, avec légèreté mais érudition, avec humour mais sur une base historique très sure, mille petits faits, évènements, curiosités qui se trouvent ou se sont déroulés à Paris. Elle les illustre par des textes courts, incisifs, allant à l’essentiel. On les parcourt avec un vif intérêt, avec un large sourire tant le ton est guilleret, amusant, et les conclusions facétieuses et spirituelles.

Elle brosse, ainsi, en mille anecdotes toutes piquantes, une description qui donne envie de découvrir ce Paris si riche, hors des circuits touristiques.
Avec Les secrets de Paris, Clémentine Portier-Kaltenbach propose un superbe travail de mémorialiste et de chroniqueuse, une compilation réussie qui demande nécessairement une suite.

Serge Perraud

Clémentine Portier-Kaltenbach, Les secrets de Paris, coll. "les Secrets de...", La librairie Vuibert, janvier 2012, 286 p. - 19,00 €

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