Giono, depuis quand êtes-vous écrivain ?

Ecrivains et auteurs Jean Giono Henri Bosco Pierre Magnan

L’écriture d’une chronique entraîne parfois à en écrire une autre, ou même, ça arrive, plusieurs à la file ; c’est mon cas en ce moment concernant Giono.
Dans Le poète de la terre et des astres, un texte pourtant d’hommage écrit et publié dans la presse à sa mort, son voisin et confrère Henri Bosco déplore fort profondément cette attitude : Il nia un jour d’être provençal. C’était une erreur, et j’en ai souffert.
Quand on pense à tout ce qu'il doit à son pays natal, à ce que lui doit ce pays, comment ne seraient-ils pas l'un à l'autre et, quoi qu'il en ait dit, inséparables ?
Personne, pas même Giono, ne saurait désunir un tel fils d'une telle mère conclut-il là où d’autres sans doute plus avisés et perspicaces – Emmanuelle Lambert pour ne pas la citer – ne se font aucunement scrupule à prétendre faire naître l’écrivain Giono – uniquement selon leur propre théorie, rien d’autre de plus sérieux à vrai dire – dans les boyaux des tranchées de 14 !…
Le pacifiste d’accord, peut-être bien y a-t-il vu le jour, mais allez donc, certainement pas l’écrivain !
D’ailleurs, à la question de son jeune ami et intervieweur de talent Jean Carrière : Depuis quand êtes-vous écrivain ? Giono répond spontanément, du tac au tac, clair et net, sans bavure, sachant ici assurément, et pour cause, de qui et de quoi au premier chef il retourne : Depuis que je sais lire et écrire ! coupant ainsi d’avance court, et même haché menu, à l’encontre de toutes les futures fumeuses spéculations rétrospectives que l’on s'obstine à nous servir quand même encore et malgré tout, ici et là, de temps à autre à ce propos !

André Lombard

PS : C'est déjà dans ce contexte de vérités bafouées que Pierre Magnan, en 1986, n'avait alors pas hésité à écrire, franco, à Jacques Ibanès : Hélas, que te répondre ? Ils en savent tous tellement plus que moi sur Giono que j'ai pris le parti de me taire. Sans heureusement s'en tenir là par la suite, publiant bientôt sa part de témoignage dans Pour saluer Giono, en 1990.