Lucienne Desnoues : Devant un tombeau

Dans les premières années suivant le décès de mon amie poète Lucienne Desnoues, il m'arrivait d'aller lui rendre visite, à flanc de colline, au petit cimetière-jardin de Montjustin – à elle ainsi qu'à toute la bande, bien entendu –, et de parfois me mettre à désherber sommairement, à mains nues, sa tombe qui n'était et reste, semblable à chacune de ses voisines, qu'un simple et de plus en plus humble tumulus.
Mais cette fois-ci, pas tout à fait comme les autres, ne voilà-t-il pas qu'occupé ainsi je me retrouve – en un clin d’œil, dans les deux sens de l'expression, je crois que c'est bien ici le cas de le dire ! – avec la bague au doigt la plus insolite qui soit !
La bague au doigt ? me direz-vous. Et dans un cimetière ?
Oui, par le truchement d'une petite vertèbre du ou de la précédente occupante de la place qui – s'étant retrouvée toute seulette à la surface à l'occasion du creusement de la fosse pour l'ensevelissement de Lucienne – est alors, vrai de vrai, venue ce jour-là se glisser inopinément à l'un de mes doigt tandis que j'affouillais légèrement l'humus de la main par-ci par-là !
Je pris et garde encore cela comme un signe amical plein d'humour, même pas noir !

Tandis qu'au contraire le poème reproduit ci-dessous adressé à feu son très cher époux est une très poignante tentative d'exorciser le désespoir et le sentiment d'injustice causés par sa place soudain prématurément vide auprès d'elle au printemps 86.

André Lombard

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