Le courage de Laure Couraige

Il est nécessaire parfois – voire urgent – de faire le bilan. Surtout lorsqu'il est lourd et qu'on a attendu 30 ans pour faire sauter le verrou. C'est ce qu'accomplit la narratrice – semblable et double – de l'auteure.
Il arrive en effet  un temps où ce que son géniteur ne pouvait entendre - et ce au nom de la loi des pères aussi vieille que la Bible - devienne insupportable à supporter pour la fille. Il faut vider l'abcès quitte à se faire accuser de règlement de compte.

Mais il convient de les régler afin de reprendre sa vie en main et ne pas risquer de reproduire du "même" avec un conjoint qu'avec ses propres enfants plus tard. D'autant que l'auteure – et c'est ça force – ne se limite pas à une mise en pièce.
Elle a simplement trouvé les mots, parfois d'amour – car il n'y a pas que la haine  pour le dire. Le temps était venu. Avant on aurait pu parler de crise d'adolescence tardive et plus tard tout aurait été plié mais le tissus humain de l'héroïne ne s'en serait pas remis.

Exit la volonté paternelle de perfection fantasmée eu égard à sa fille. Exit en conséquence pour celle-ci la morbidité acquise. La self-défense prend enfin une tournure efficiente. Il s'agit d'essayer de vivre pour et par soi. Loin de l'ombre. Une ombre où certaines femmes retrouveront ce qu'elles subirent et qui alimenta leurs frustrations.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Laure Couraige, La fille du père, P.O.L éditeur, mars 2020, 144 p.-, 17 €

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