Diana Kunst : sans peinture

Les images de Diana Kunst nagent en eaux troubles et troublantes. Tout reste de l’ordre du suspens en un jeu de cache-cache pudique/impudique. Et les postures d’attentes sont aussitôt contredites. La photographe espagnole les façonne en les dégageant d’un étau physique trop précis mais tout autant de la maladie de l’idéalité.

L’enveloppe charnelle – si voluptueuse fût-elle - implique toujours une intériorité. La narration plastique avance pour séparer l'être du réel au profit d'extases différées si bien que le voyeur est pris à son propre piège. Il ne s’agit pas de ranimer les fantasmes si ce ne sont ceux dont nul n’arrive à bout dans l’enchevêtrement des nuits et des jours et des apparences.

La photographe propose donc un naturalisme enchanteur, un cinéma « post movida » sous feinte de poses surprenantes. Les femmes deviennent des étoiles qu’on nomme naines blanches. Jamais de sauvagerie, juste le suspens de la caresse du regard sur le bord d’une robe, d’une dentelle et de chevelure. Les formes s’arrêtent toujours avant le point de non-retour ou d’ébullition.

Reste une part de désir où la béance de l'indicible garde tout son sens. Les dessous-chics sortent de l'état de simple gaine, fourreau ou étui. Ils redeviennent des signaux et échappent à la seule fonction de communication et de référence. Ils atteignent un rôle supérieur en ouvrant l’imaginaire par ce que chaque œuvre de la créatrice remet en jeu au sein même de la féminité et du genre.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.