Irving St Garp : dilatation du tableau de genre

Irving St Garp s’inspire de la vie des gens ordinaires. Mais il la scénarise  de manière provocatrice et énigmatique. Il ne cesse d’imposer une irrévérence éloquente par le caractère figural de  mises en scène de tableaux iconoclastes. Le photographe développe une thématique parfois violente et toujours drôle dans un style léché.

Ce travail reste une fête de l’esprit et un jeu de « massacre » à l’engagement critique sous jacent. Celui-ci demeure le parfait contrepoint à l’art institutionnel dans un mélange de fausse romance et de dérision. Un pandémonium graphique, un théâtre de genre ravageur cassent bien des logiques de perceptions et de références.  Les images deviennent des mises en abyme à prises multiples. Le monde tel qu’il est se trouve secoué  d’hyper collusions théâtralisées. Familles pas très nettes, malotrus et matrones orgiaques ramènent soudain vers nous - bon gré mal gré - un univers qui sous la  gaminerie est constitué de déplacements farcesques aux figures acides.

Irving St Garp ne fait pas dans la dentelle même si ses images restent - sur un plan esthétique - impeccables. Ironie et  humour forcent  les conventions. L’artiste brouille les genres et provoque des ravages imprévus au moyen d’une théâtralisation exacerbée et dégagée de tous alibis idéalistes. L’idéologie du monde est soulignée par la caricature implicite. Parfait iconoclaste Irving St Garp crée donc un burlesque, pousse à bout les effets de réalité sur le modèle de la parodie, de l’excès et de la prolifération sacrilège. Avec des orchestrations farfelues, l’irrévérence est continuelle.

Jean-Paul Gavard-Perret

Irving St Garp, « exposition », Corridor Elephant, Paris, juin 2017.

 

 

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