Louise A. Depaume, Femmes entre elles

Dès l'âge de 16 ans, Louise A. Depaume s’est dirigée vers la photographie. Elle y cherche une catharsis de la féminité à travers divers types de portraits ou d'autoportraits parfois impudiques mais toujours nimbés de douce volupté.

Après avoir photographié de jeunes femmes en d'étranges ballets, elle explore la maternité (entre autres) à travers  plusieurs techniques photographiques comme le cyanotype tout en privilégiant l’argentique pour maîtriser l’ensemble du processus de création.

L'artiste inscrit des sortes de rituels. Et son travail fait passer  d’un univers surchargé d’images à celui d’un effacement. Ne reste que la torsion des corps au  sein d'une errance en une suite de moments qui se prolongent d'une photographie à l'autre au sein de chaque série.

Perdurent des zones, des seuils et quelques gradients d'une vie présente en des chorégraphies démontées puis remontées. Un tel langage suppose l'appréhension de ce qu'il y a de nouveau dans le nu. La photographe conduit vers une "scène" où l’atrophie demeure indissociable de l’énergie susceptible de s’y manifester. L'image devient hallucinante en ouvrant sur la béance par le noir et le blanc ou le bleu cyan. 
Sans concession aucune – là où pourtant d'autres pourrait multiplier les effets – la créatrice ne retient que ce qui parle au sein d'un jeu. Il renvoie à  l'essentiel car il rameute  la complexité du corps féminin  en ses effets de résistance.
Le résultat fascine car rien ne se perd entre mouvement et fixité. Nous sommes dans le renversement, nous plongeons en des bains mystérieux. La sobre féerie des images nous confronte à tout ce qui reste entre  ascèse et plénitude au sein d'une présence sur laquelle Louise A. Depaume "appuie" mais juste ce qu'il faut.


Jean-Paul Gavard-Perret


Louise A. Depaume, Trouble, Corridor Éléphant, Paris, décembre 2020

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.