Le grand jeu des petits secrets à la comédie Française

© Cosimo Mirco Magliocca / collection Comédie-Française

La scène s’ouvre sur un décor impersonnel, qui pourrait être un intérieur contemporain. Un homme et une femme se font face, maladroitement. L’intimité de ces êtres contraste avec le lieu. Ce sera le cas durant toute la représentation. Le propos de Pinter est direct, mené avec un rythme soutenu : on découvre une relation extraconjugale qui a uni, longtemps, la femme au meilleur ami, depuis toujours, de son mari. En quelques gestes les comédiens nous montrent ce que c’est que l’amour, disant de tout leur corps qu’il est impossible de ne plus aimer quand on a vraiment aimé. Sinon c’est une histoire simple, qui s’exprime de la façon la plus complexe, par des répliques acerbes, incisives, drôles et terribles. Des panneaux noirs se déplacent lors des changements de décor, encadrant de façon précise des morceaux distincts du plateau. Des intermèdes présentent, sur le mode du cinéma muet, la régression chronologique qui constitue la trame du propos.

 

© Cosimo Mirco Magliocca / collection Comédie-Française

Une pièce d’une grande puissance ironique, désamorçant le ressort habituel de l’intrigue, le devenir, pour placer les répliques dans l’abime de leur situation, de leur force instantanée, dévastatrice en sa puissance et sa dérision réunies. De grands comédiens, fascinants, habités, aimantés par Léonie Simaga qui réussit une prestation parfaite, se montrant lisse et déterminée, fragile dans sa grandeur et forte de ses faiblesses. La représentation est décidément bien ficelée : on ne lui trouvera aucun défaut, puisqu’elle est à la fois dynamique, formellement maîtrisée, magnifiquement interprétée, effectivement édifiante, malgré tout réjouissante. A recommander.

 

Christophe Giolito

 

Trahisons de Harold Pinter, texte français de Éric Kahane, mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia

 

avec Denis Podalydès, Léonie Simaga, Laurent Stocker, Christian Gonon ; Collaboratrice artistique Caroline Gonce ; décor Jacques Gabel ; lumières Roberto Venturi ; costumes Catherine Leterrier et Sarah Leterrier ; son Bernard Vallery.

 

Au Théâtre du Vieux Colombier,

21 rue du Vieux-Colombier, 75006

 

Du 17 septembre au 26 octobre 2014

mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 16h, relâche lundi

 

Renseignements et réservations au guichet du théâtre du lundi au samedi de 11h à 18h, par téléphone au 01 44 39 87 00 / 01, ou sur le site Internet www.comedie-francaise.fr

reservation.reponse@comedie-francaise.org

 

Durée du spectacle : environ 1h30 sans entracte

 

L’Arche est agent théâtral du texte représenté.

 

Une rencontre avec l’équipe du spectacle aura lieu le mardi 14 octobre à l’issue de la représentation.

Le spectacle sera repris au Nouveau Théâtre d’Angers les 30 et 31 octobre 2014.

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