Ô sacré moulin du Contadour !

                                                     Aquarelle de Lucien Jacques

Avant que de soudain devenir historique foyer de poésie et de pacifisme de 1935 à 39, ce moulin, déjà haut lieu du hameau – et que beaucoup confondent encore avec celui, à deux pas de là, dit des Fournons –, a bien entendu d’abord tenu une place majeure dans l’économie indigène du XIXème.
Aujourd’hui, le moulin lui-même n’est plus, et depuis longtemps, qu’une tour éventrée, bientôt tas de pierres : désertifiant le pays, les deux guerres avaient fini par en venir à bout ; mais sans cependant avoir eu raison du bâtiment voisin à toiture à deux pans que, depuis, l’on nomme le plus souvent communément, le moulin de Giono et qui n’est, à vrai dire, que l’ancienne maison meunière à laquelle, n'empêche, rien que l'appellation de moulin donne déjà des ailes !

Quand, en 2020, fut réédité le merveilleux Pain d’étoiles du poète-maçon Alfred Campozet, j’éprouvai le besoin de saluer cette heureuse initiative en m’appuyant, enthousiaste, sur des souvenirs personnels d’un autre temps, plus proche forcément, relatifs à ce même lieu accueillant chargé de poésie, d'Histoire, ainsi que de légende.

Et puis voilà qu’à la faveur d’un tout récent échange de courrier, Jean-Yves Royer récapitule – en deux phrases fortement évocatrices et dans la langue même du terroir – à la fois l’historique et l’esprit du lieu : Siam de molons, fin finala, d’aguer ailà de sovenirs. Un molin que molinet tant de gents coma aviá agut molinat de blat… E que se ne’n faguet de farinas que l’òm ne’n pastet tota mena de pans…

Autrement dit : Nous sommes nombreux, finalement, à avoir là des souvenirs. Un moulin qui vit passer tant de gens comme il moulut tant de blé… Dont furent obtenues des farines à partir desquelles l’homme confectionna toutes sortes de pains…

Tout cela, tandis qu'il ferait beau voir que là-haut, au ras bord du ciel, ce moulin-là ne continue pas à moudre bel et bien entendu indifféremment nombre de variétés anciennes et nouvelles, tardives ou précoces, tant il fait vraiment bon depuis si longtemps – mais peut-être même bien encore plus que jamais à présent – qu'il en soit ainsi !
 

André Lombard

Alfred Campozet, Le pain d'étoiles, éditions La Thébaïde, mai 2020, 150 p-, 20 €

Article connexe : Abbaye de Pontigny Bachelard, Berdiaev, Buber.

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