Steven Popovich : l'ennui

Le concept de la série chez Steven Popovich est fondé sur une chambre d’hôtel où le photographe raconte des histoires de femmes entre elles : des mannequins avec lequel l’artiste travaille pour ses photos de mode. Plus que d’histoires il faudrait parler de narrations d’un genre particulier. Il ne s’y passe rien sinon l’attente. D’un rendez-vous ou simplement que le temps passe. Les femmes semblent offertes plus ou moins partiellement au regard (avide?) du voyeur.

Mais il y a un bémol : avec habileté l'artiste tord le cou au fantasme par la mise en scène auquel le corps est soumis. La contextualisation joue donc un rôle central dans l'exhibition. De chaque prise émerge une forme d'humour et aussi d'interrogation. Le contexte est central car il vient dévier le fantasme par la mise en scène dont l'"objet" est le fruit. La photographie ne devient qu'en partie narrative : elle émet une histoire énigmatique.

Au mystère de la présence répond l'anonymat du lieu. Le corps dans ses poses et par une technique photographique toute en subtilité et en couleurs douces ne cherche pas à allumer le feu charnel. Face aux nuits sexuelles l'artiste opte pour une autre lumière. Elle prend à revers bien des modes et leurs poncifs en cultivant l'énigme. La sidération prend ainsi des chemins de traverse.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Steven Popovich, chambre d'hotel n° 84

www.stevenpopovich.net

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