Revue L'Alpe, numéro 102

Le dernier numéro de L’Alpe – élégante revue des cultures et des patrimoines de l’Europe alpine – vient de paraître. Et il est heureusement consacré aux bienommées Alpes-de-Haute-Provence.
Évidemment, quand on est natif du coin et que l’on y a bientôt passé toute sa vie au débouché de celle d'innombrables générations, que l’on connaît donc ce département surtout par cœur – c’est le mot – de l’intérieur, on en a, non une vision globale ou particulière, mais bien plutôt une expérience à vrai dire très intime ; d'une tout autre nature, bien entendu, que celle de sa présentation concoctée de son mieux, certes, par une équipe éditoriale en direction du grand public. On est forcément très difficile, quoi !
C’est pourquoi, pour ce qui est des artistes, par exemple, j’aurais aimé entendre le facteur-poète Jules Mougin y claironner d’entrée son fameux poème dédié à Jacqueline et Jean Mascaux, ses amis cinéastes de ce territoire, qu’il publia dans Le comptable du ciel, chez cet autre ami à lui que fut Robert Morel. Poème-énumération qui, en quelques lignes seulement, compose de chic un hymne d’amour profond, véritable…

Je répète ici que les villages bas-alpins ont des noms sucrés,
veloutés et caressants.
Tenez, Simiane.
Et Soleilhas.
Reillanne, là.
Manosque nous tend sa main.
Il y a de l’oiseau dans Méolans.
J’aimerais écouter Mozart à Valsaintes.
LA FRANCE ENTIÈRE NE POSSÈDE QU’UN PIERREVERT.
Ô, Taulanne, et toi Castellane
!
Les Omergues, dites
?
Et Valensole, encore.
Dans votre film murmurez
le nom des villages qui chantent.

J’aurais également préféré qu’y soit mis l’accent – haut provençal, pardi ! – sur Magnan, parce que plus radicalement bas-alpin de cœur et d’esprit que l’inéluctable Giono, j’y aurais aussi bien vu et entendu Aimée Castain en sa vie de bergère n’ayant jamais posé un seul doigt de pied en dehors de son canton ! Eugène Martel présent en peintre de sa race, Vox en toutes lettres, Royer évoquant Forcalquier ou bien décochant deux trois flèches assassines en direction de clichés, mensonges à la con, ou préjugés voraces...
N’empêche – foi de bas-alpin ! –, bienvenu, varié, bien écrit et bien documenté – Entre Alpes et Provence, Rêves d’Icare, L'eau en partage, Pour saluer Lure, La tête dans les étoiles, et j’en passe – ce riche dossier à facettes mérite d'être découvert !
C'est sur cette image pétaradante d'Aldo Fiorio et de son fils Daniel en compagnie d'un tout petit agneau photographiés par Robert Doisneau que s'ouvre le numéro...

André Lombard

Revue L’Alpe, trimestriel, numéro 102, Glénat-Musée dauphinois, septembre 2023, 90 p.-, 18€

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