Pierre Ricou chez lui, tout simplement !

C’est une grâce de pouvoir être ancré dans un territoire géographique et culturel qui vous apporte en continu les stimulations nécessaires pour poursuivre le chemin et tenir le cap, écrit Jean-Luc Pouliquen.
Ainsi de Pierre Ricou, photographe-poète s’il en est, en ses propres Alpes de lumière !

Nous le découvrant avec art, par cœur mêmement, voilà bien, en tout cas sans conteste à mon sens, le chantre photographique par excellence du vaste et tout autant singulièrement secret pays de Haute-Provence. 
Il est vrai que d'une photo à l'autre, en chacune, les qualités d'âme, très diversement particulières ici ou là, de ce large territoire ne lui échappent pas, jamais ; y ayant – comme par enchantement – immanquablement rendez-vous avec telle ou telle, parfois même avec plusieurs à la fois par déclic intérieur instantanément transmis à l’appareil.
L’essentiel d’un sujet se trouvant ainsi saisi au vol au bon endroit et au moment exact dans une lumière à tous les coups idéale comme par dessein supérieur.

Ci-dessus aux Frâches du Contadour, par exemple, Pierre se trouve là, présent, au jour et à l'heure précise où, assortie de sa duveteuse escouade, une maternelle colombe de la Paix transhume silencieusement en plein ciel, gigantesque, par-delà une statique et très modeste petite cabane de berger ; elle, depuis maintenant longtemps patiemment bâtie, comme tant d’autres différentes, avec et par les moyens du bord quoique, n’empêche, par suprême ingéniosité : pierre à pierre, à temps perdu et à pierres sèches s'il vous plaît !

Mini fortin qui bée finalement à fleur de terre pour permettre à tout moment au pastre comme au passant lambda d'y faire halte au besoin : s'y parer du chaud comme du froid ; aussi bien s'y abriter tour à tour des vents, de la pluie, ou de l'orage subit ici tant redouté.

                                    Figures naïves d'art roman, à St-Pons 04

Outre la passion et l'enthousiasme cumulés à un rare don du regard, je crois qu'il faut, de surcroît, être béni du Genius loci, l'esprit des lieux, pour pouvoir ainsi si poétiquement donner à voir pour éternels pareils moments ou représentations – qui, loin de tout charme superficiel et de tout pittoresque, ont, déjà rien qu'au tout premier regard, forte charge de sens autant que de profond mystère auxquels, chez Pierre, toujours excellemment juste, délicat, le noir et blanc sied, de plus, si bien élégamment, à merveille.

Maintenant que, depuis deux ou trois ans déjà, le fonds a été acquis et donc sauvegardé par les Archives départementales de Digne-les-bains, il ne faudrait cependant pas qu’il y moisisse sur place comme, par grande impatience, actuellement je le crains.
À quand, donc – tout comme pour le cher Marcel Coen ; par bonheur, les deux y feraient parfaitement la paire, d'ailleurs ! – une rétrospective festive aux toutes proches voisines Nuits photographiques de Pierrevert, par exemple, et/ou, pourquoi pas, un bel hommage appuyé, car tout à fait justifié, aux fameuses Rencontres d’Arles ?

André Lombard

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