À propos d'une réflexion de Giono dans son Journal de l'Occupation

Mon exemplaire de la somme des lettres qu’Eugène Martel adressa à Jean Giono de juillet 30 à février 46 est déjà tout corné, ici et là : tant de choses qu’il lui écrit me touchent, en effet, m’instruisent, parfois aussi m’interrogent ; le plus souvent m’interpellent à divers sujets et à divers niveaux !
Page 212 de cet ouvrage tout récemment paru, en juillet dernier, se trouve une réflexion, mais celle-là de Giono, extraite – parmi de nombreuses autres plus ou moins longues citations – de son Journal de l’Occupation, la voici :

En lieu et place de C’est difficile, Giono aurait très bien pu écrire – et là vraiment en toute et parfaite connaissance de cause – mais cela ne lui est alors pas venu à l’esprit : L’exemple de Serge Fiorio.
Car il en savait quelque chose pour avoir tout d’abord eu la chance, la bonne étoile, de le connaître d'on ne peut plus près, tout feu tout flamme et, de plus, à ces moments-là seul à seul, en tant que jeune guide enthousiaste de leurs fréquentes randonnées hautes savoyardes d'avant-guerre ; tandis qu’au cours même de ces bienheureuses escales de vacances à Taninges – plusieurs fois renouvelées dans les trois ou quatre premières années 30, juste avant le Contadour – Giono assista également en direct aux débuts tout à fait étonnants de sa carrière de peintre autodidacte puisqu’il séjournait alors chez les Fiorio, rue des Arcades, en famille : Les premiers vrais tableaux que je vis, ce furent les miens !
Ou bien : Quand l’esprit, le cœur, la main, travaillent à exprimer ce qui a été vécu et senti au plus profond d’un être, l’émotion passe.   
Ou encore : Peu de peintres savent oublier ce qu’ils ont appris pour ne laisser parler que leur cœur.   

Garder la fraîcheur de cœur et de mains, que Giono qualifie de difficile, était et est resté, par contre, état de fait permanent donc, chose tout à fait naturelle chez Serge tout au long des quatre-vingt ans, bon poids, de sa longue carrière jamais interrompue en cours de route dont voici percé à jour le secret qui n'en est pas un, car tout simplement évident, clair comme de l'eau de roche : J’aime ce que je fais parce que je fais des choses que j’aime.   
Pas plus difficile que ça, cher Jean et cher Eugène !

André Lombard

PS : le chiffre 13 exposé renvoie au volume VIII de la Pléiade, page 439.

Michèle Ducheny et Élisabeth Juan-Mazel, Jean Giono et Eugène Martel, 21 illustrations noir/blanc et couleurs, Association des Amis de Jean Giono, juillet 2022, 230 p.-, 20€
amisjeangiono@orange.fr ou 04 90 87 73 03

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