"Les Dieux dévoreurs", 5e opus de la saga Tancrède le Normand

LES DIEUX DEVOREURSLorsque les Dieux ont besoin du sang des hommes pour apaiser leur colère

Le cinquième tome de l’épopée des Normands de Sicile, Le Sang des ombres, nous avait laissé une image bien sombre du jeune Tancrède (1). Prenant possession du château d’Anaor, il était tombé dans les filets d’une belle meurtrière qui lui avait fait perdre son innocence. Quatre ans plus tard, il débarque en héros à Palerme, ramenant les trésors pris aux barbaresques, alors que la ville et le royaume sont au bord de l’implosion. Les dieux dévoreurs s’ouvre sur ces troubles qui vont mettre fin à la « paix » entre Normands et musulmans. Un nouvel opus de cette saga où Tancrède retrouve son ancien maître et ami, Hugues de Tarse et son épouse, Eléonor de Fierville.

Amour, complot et trahison

Un peu plus de quatre ans ont passé. Hugues de Tarse et Eléonor vivent paisiblement dans leur palais de Palerme. Hugues conseille « l’Emir des Emirs », Maion de Bari, premier ministre de Guillaume Ier. Ce dernier réprime l’autonomie des barons normands cherchant à affirmer la centralisation du pouvoir mais s’attirant par sa politique les foudres de ces mêmes barons. Les Dieux ont besoin du sang des hommes pour apaiser leur colère, la tempête gronde, l’Etna se réveille annonçant les terribles événements se tramant contre la dynastie des rois normands de Sicile. Les Barons se réunissent en secret pour se débarrasser de Maion et de ce roi que l’on appelle «le Mauvais». Pour cela, il leur faut trouver un prétendant légitime au trône : Tancrède, fils de Roger duc de Pouilles, petit-fils de Roger II. Pour la première fois, l’élève et le maître se retrouvent dans des camps opposés.

La situation est d’autant plus critique qu’Hugues et Eléonor se retrouvent au cœur de ce complot. Eléonor est accusée d’adultère par l’ambassadeur de Sicile, ce dernier est assassiné au moment même où un important traité devait unir le royaume de Sicile et la Sérénissime. Hugues est accusé du meurtre. Il n’en faut pas plus pour que Tancrède et Hugues se retrouvent. Si Hugues est sauvé, Maion de Bari est assassiné tandis que Guillaume Ier est emprisonné, entraînant un véritable pogrom anti-musulman mettant fin à la tolérance.

C’est dans les vieux pots…

Le sang des ombres nous avait laissé un avis mitigé. Il s’agissait surtout d’un tome de transition permettant au jeune homme débarquant de sa Normandie natale de mûrir. Sombre, l’enquête et l’Histoire étaient passées au second plan face aux tourments du jeune homme. Nous retrouvons ici le duo Hugues de Tarse/Tancrède, l’enquête se mêle au destin du royaume. Eléonor de Fierville retrouve le caractère fougueux qui était le sien lors de la traversée de la Méditerranée. À la fin, une page se tourne : Tancrède, celui qui devait, selon la prophétie d’un moine, être prince ou mendiant, reprend la mer se dirigeant vers Antioche et les Etats latins d’Orient. Hugues et Eléonor occupent son château d’Anaor avant de partir, peut-être s’installer à Venise sur invitation du Doge. Ce tome ne sera pas le dernier, nous l’attendrons avec impatience, en espérant que les routes de l’élève et du maître se croiseront de nouveau.


Julie Lecanu

(1) Pour reprendre le fil des quatre premiers tomes de cette saga, c'est ici


Vivianne Moore, Les Dieux dévoreurs, 10/18, "Grands détectives", décembre 2009, 314 pages, 7,90 euros


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