"Axis", L'humain tout simplement

La publication de Spin a donné à Robert Charles Wilson, déjà auteur des remarqués Mysterium, Chronolithes et Blind Lake, une reconnaissance critique et publique qui en a fait un auteur de SF de premier plan. Axis est le deuxième volet d’un cycle qui en comptera trois (le dernier volume, Vortex vient tout juste de sortir  en France).

 

La suite de Spin

 

L’histoire commence une trentaine d’années après l’ouverture de l’arche dans le pacifique à la fin du précédent ouvrage : la planète Equatoria est en cours de colonisation par les Nations Unies. Une jeune femme, Lise Adams, cherche à comprendre ce qui est arrivé à son père une quinzaine d’années auparavant. Ce dernier travaillait à un livre sur les Hypothétiques, ces entités/machines créatrices du spin qui a projeté la Terre quatre milliards d’années dans le futur. Il était aussi en relation avec les Quatrièmes âges, humains ayant bénéficié d’un traitement de longévité provenant de Mars (durant la période du spin, Mars a été colonisée par l’homme avant de subir le même traitement de la part des Hypothétiques), et pourchassé par la sécurité génomique. Aidée de son amant Turk Findley, Lise retrouve Diane Dupree (sœur de Jason Lawton, personnages du premier roman) qui la met sur la piste du docteur Dvali, ancien collègue de son père.

 

Avram Dvali est à la tête d’une communauté de Quatrièmes qui a pour but d’entrer en communication avec les Hypothétiques. Ils ont inoculé le traitement habituellement donné aux futurs Quatrièmes âges au fœtus d’une femme enceinte. Leur but : créer un enfant, prénommé Isaac, capable de communiquer avec eux. La référence au personnage biblique, fils d’Abraham qui faillit être sacrifié par son père à la demande de Yahvé qui voulait éprouver sa foi et sa fidélité, semble évidente : Isaac n’est-il pas préparé, dès avant sa naissance, à un sacrifice par le docteur Dvali afin de communiquer avec ces dieux silencieux que sont les Hypothétiques ?

 

Lise part à la recherche de Dvali, poursuivie par des officiers de la sécurité génomique. C’est alors qu’Equatoria voit tomber des restes d’Hypothétiques dans le désert et que d’étranges forêts apparaissent…

 

La nature du monde

 

« Toute véritable compréhension de la nature des Hypothétiques doit prendre ce fait en compte. Ils étaient déjà très vieux la première fois que nous avons croisé leur chemin, ils le sont encore davantage maintenant. »

 

Cette phrase tirée de l’introduction à l’essai que préparait le père de Lise Adams donne une des clefs du roman : comprendre la nature des entités qui ont enveloppé la terre du spin, faisant voyager l’humanité de 4 milliards d’années dans le futur et engendrant finalement un nouveau monde. C’est là le fond de la quête du docteur Dvali, dans un sens gnostique. Il cherche la connaissance et n’a pas hésité à prendre la vie d’un enfant pour atteindre son but. Tous les personnages sont à la recherche de cette connaissance. Après Spin, Axis se veut une quête des origines : pourquoi entourer la Terre d’un spin ? Et dans quel but ? Le roman pose les questions mais ne donne que des indices, qui seront peut-être développés par la suite.

 

Quête de l’autre

 

Chez Wilson, une quête personnelle vient à chaque fois se superposer à l’histoire d’ensemble, un peu à la manière de Théodore Sturgeon. En pleine crise existentielle (elle vient de divorcer et n’est jamais réellement parvenue à trouver sa place, sur Terre ou sur Equatoria), Lise Adams est complètement investie dans la recherche de son père ; elle veut en outre comprendre pourquoi il a disparu. Personnage obsédé par sa quête des origines, Lise est comparable au docteur Dvali : ne sont-ils pas tous les deux à la recherche des causes de l’évènement qui a changé leurs vies ?

 

Après le triomphe de Spin, Axis déçoit. Plus sobre, moins flamboyant, on y discute beaucoup plus. Il est vrai que ce n’est pas le destin d’un monde qui est en jeu. Pourtant, c’est un livre attachant par ses personnages, de Lise à Isaac, de Dvali à Turk Findley, chacun  personnifiant  des qualités comme l’innocence, l’obsession, l’empathie, le don de soi, et nous sommes ici clairement dans la continuité de l’œuvre de l’auteur : ce dernier s’intéresse avant tout à l’humain. On attend donc le troisième tome pour juger de l’ensemble du cycle.

 

Sylvain Bonnet

 

Robert Charles Wilson, Axis, traduit de l'anglais (USA) par Gilles Goullet, Gallimard, "folio SF", 496 pages, avril 2012, 8,10

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1 commentaire

Louable effort pour présenter le plus clairement possible un bouquin à l'intrique tarabiscotée et limite absconse ( "le spin", les "htypothétiques"," les quatrièmes", le bond de 4 milliards d'années, etc..),

.Manifestement, il faut s'être enquillé le premier tome pour y comprendre quelque chose, car c'est un peu intello, tout ça.

Et il va falloir attendre le dernier  tome pour savoir si réellement ce bouquin vaut le coup.

Quand on voit que certains (bons) auteurs de nouvelles, en seulement 4 pages, nous scotchent litteralement au siège, le fait que l'auteur a besoin de 1500 pages pour  développer son propos  laisse songeur...y aurait pas un peu de remplissage psycho ou proto-religieux, là dedans?