Giono : le vrai du faux

Entre autres nombreux et plus ou moins lointains souvenirs, Serge Fiorio me racontait qu'un jour des premières années trente et de retour d'une nouvelle merveilleuse balade à pied en compagnie de Giono dans les paysages haut-provençaux des alentours de Manosque, tous deux regagnaient tranquillement le Paraïs au flanc du Mont d’Or quand, après s'être arrêté un instant pour ranimer sa pipe, Giono se mit tout de go, comme souvent, à spontanément lui raconter une histoire bien entendu inventée à mesure jusqu'en ses moindres innombrables détails.

Le jeune Serge l'écoutait tout ouïe, comme à son habitude, pour n'en rien laisser perdre encore une fois, pas une goutte.
Au moment de finalement s'engager sur la ligne droite de l'étroit sentier menant à la porte d'entrée, l'histoire touchant là à sa fin, Serge ne s'en laissa alors pas conter davantage, pas un mot de plus, et pour cause : Mais Jean, tu ne te souviens donc pas, celle-là tu me l'as déjà racontée !

Que n'avait-il pas dit là ! Car, à ces mots, soudain terriblement contrarié, Giono entra de plain-pied dans une colère noire, vociférant, les nerfs à vif, volant même tout à coup dans les plumes de Serge de façon mémorable : De toute façon, Serge, tu le sais, tu es le plus grand couillon que la terre ait porté !

Et Serge, ce héros, d’en rire tant qu’il pouvait !

André Lombard

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Colline traduit en occitan.

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