L'humble Lucien Jacques et son ami Giono. Billet d'humeur

Si, du point de vue de son œuvre, Giono doit beaucoup à son très cher ami et sourcier Lucien Jacques – surtout, c'est connu et leur correspondance en témoigne, en ce qui concerne l'écriture et la mise au point, jusqu'aux portes de l'édition, de ses premiers romans –, Lucien, de son côté, ne doit rien, par contre, à Giono tout au long, du début à la fin de la sienne ;  et cela que ce soit sur le versant de ses divers écrits, poésies et autres diverses proses, comme également sur celui, plus lumineux, de sa peinture, ses dessins, ses bois gravés.
Sur les deux qui ne font qu'un, il est entièrement lui-même, avec talent, et toujours autonome, tout en s'inscrivant par tempérament et qualités artistiques natives au premier rang d'une certaine tradition française.N'empêche, le temps passant, ayant passé, ne voilà-t-il pas que, de mauvais fil en mauvaise aiguille, Lucien se retrouve finalement aujourd'hui (encore trop) souvent situé à la remorque de son ami écrivain, arbitrairement planté sous son ombre intense ou bien encore placé d'autorité sous son aile comme s'il y était né !
Lucien et Giono lui-même ne sont évidemment en rien responsables de cet état de fait, ce raccourci trompeur s'étant hélas mis en place peu à peu, mais depuis très haut en amont dans leur relation, et s'est continué sans interruption sous la fâcheuse tenace influence de plumitifs – journaleux pour la plupart, critiques ou universitaires peu scrupuleux – ne sachant faire de l'histoire littéraire qu'à bon marché, ce qui leur évite, en autres, de parler plus sérieusement peinture et littérature, ce dont, à les lire, ils sont visiblement bien empêchés...
Jacky Michel, le président des Amis de Lucien Jacques, ne rapporte-t-il pas ce que, pas dupe du tout, Lucien constatait déjà de lui-même : nombre de visiteurs présents au vernissage de ses expositions ne s'y rendant que dans le seul et unique but – inavoué bien sûr ! – d'y approcher un Giono en pleine gloire éditoriale, se servant donc lâchement et sans vergogne de Lucien comme, rien de plus, rien d'autre qu'un vulgaire strapontin, un marche-pied – malgré lui à disposition –  bien utile autant qu'efficace...
Qu'on se le dise !

André Lombard
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